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ARTISTES EN RÉSIDENCES

DIEDERIK PEETERS

Résidence de création | avril 2024  
Reinout Hiel

Diederik Peeters, artiste aux multiples facettes, se perd volontiers dans le labyrinthe des arts de la scène : performeur, conseiller, voire même acteur de ses propres créations, il aime mélanger les genres et collaborer avec quelques complices soigneusement choisis. Son parcours, diplômé en arts visuels, l'a mené à commettre des spectacles et performances, à écrire des textes, à créer des installations et à réaliser des vidéos. Avec une inclinaison naturelle, presque pathologique pour la confusion, il accumule avec une obstination sans limites les matériaux les plus absurdes et les contradictions les plus improbables. 

1/ F comme ?

Alors pour moi, F comme français, comme la langue que je ne maîtrise pas tout à fait, ou comme la nationalité qui n'est pas la mienne, je suis donc belge. Et puis F aussi, dans mon cas, je dirais F pour fabulation, c'est un mot compliqué pour récit inventé. Et donc, pour autrement dire, avec un autre mot, F comme fiction. Et donc un point de départ où en fait le projet que je développe s'appelle Confabulation pour l'instant et ça c'est un terme que j'ai emprunté à la neurologie et qui désigne en fait, une tendance du cerveau humain, de créer des fictions en permanence et pour faire sens de la réalité et de ce qui nous entoure. Et on n'est pas vraiment conscient qu'on crée ses fictions, mais on le fait quand même.

2/ Quelle est la genèse du projet ?

Ah 2e question. Donc comme je te le disais, je ne maîtrise pas tout à fait la langue, donc je ne suis pas sûr de comprendre la Genèse. Est-ce que tu veux dire comment ? D'où ça vient ?

Oui, c'est ça, c'est la Genèse, c'est l'origine.

L'origine de ce projet est, je crois, dans le projet précédent que j'ai fait, qui s'appelait apparition et où en gros, je m'intéressais aux fantômes, entre autres, et aux liens entre le surnaturel et l'occulte d'un côté, et la technologie et la science de l'autre côté. Et à la fin de ce projet, donc par un intérêt de voir d'autres perceptions de la réalité qui a un intérêt qui revient toujours dans mon travail, je suis tombé un peu par hasard sur quelques troubles neurologiques qui ont été pour la première fois décrits à la fin du 19e et début du 20e siècle. Et c'était le double neurologique, qui me fascinait beaucoup et qui me fascine toujours.

3/ Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?

La genèse du projet était donc ces troubles neurologiques que je trouvais fascinants. Et du coup J'ai commencé à faire un peu plus de recherche. Et notamment dans cette période, fin du dix-neuvième, début 20e. Un peu de neurologie mais aussi pas mal de psychiatrie et donc l'histoire, la psychiatrie et si on veut, je crois un peu le début de la psychiatrie telle qu'on la connaît maintenant qui se passe à cette époque. Et ça m'a fasciné. Ça pose plein de questions.

Et du coup, en effet, dès qu'on savait que le contenu du projet allait se développer autour de tout ça. On a pensé au 3 bis F parce qu’il y avait notamment des copains, collègues qui avaient déjà fait une résidence au 3 bis f avec qui on a parlé avec beaucoup d'amour et qui étaient très contents d'être accueilli là-bas. Et du coup on s'est dit Ah bah oui, on doit les contacter et puis c'était très rigolo parce qu’on a contacté Jasmine. Et en fait, sa première réaction était, Ah mais non, nous on ne parle pas sur ces sujets, mais on parle, on travaille avec ces gens, donc vous n'êtes pas forcément aux bonnes adresses ici. Parce que les artistes qui viennent ici ne travaillent pas, vraiment pas forcément autour des sujets de la santé mentale ou tout ça. Mais puis on a quand même commencé à parler un peu et elle a vu certains trucs que j'avais déjà fait. Et c'était très chouette là. La discussion avec Jasmine. Et nous, on s’est rendu compte aussi que c'est justement ce qui nous intéresse, c'est de travailler avec les gens et non pas de faire une distance un peu théorique et voilà. Donc on est très content qu'on peut passer chez vous pour ce projet.

4/ Comment travailles-tu ?

Question difficile. Je travaille de façon intuitive donc je n’ai que des pseudos méthodes. Il y a quand même une particularité je pense. Donc à la base je suis plasticien, J'ai fait ces études là il y a très longtemps, dans l'Antiquité. Et assez vite, j'ai commencé à faire des spectacles et des performances. Et pendant longtemps, j'ai travaillé un peu comme tout le monde autour de moi travaillait, c'est à dire une création de 2 ou 3 mois et puis une première et puis dans le meilleur des cas, une. Et puis il y a quelques années, j'en avais un peu marre de ce modèle de création. Et j'ai inventé un nouveau truc. Et c'est ça ce qui va se passer pour ce projet aussi. Et donc l'idée en gros c'est que pendant une bonne année, voire un an et demi, je travaille autour du même sujet, autour du même contenu. Mais je vais faire plein de mini créations dans plusieurs médias différents et donc autour de ce même contenu on va entre autres, créer une fiction radiophonique. On va aussi créer un jeu. Un jeu de rôle grandeur nature. Et chez vous, au 3 bis f, on va venir développer une performance visuelle. Et puis on fait tous ces modules, on les appelle et puis seulement après. Donc l'année d'après, on va commencer à construire un spectacle, à vrai dire un spectacle d'une heure. Et pour ça, on revient en principe en résidence au 3 bis f en 2025 du coup.

Tu te seras servi de ce que tu as vécu cette année pour proposer autre chose plus tard.

Exact ! Oui, tout à fait.

Et les sessions justement, tu as déjà une idée de comment tu les imagines ?

J'ai hâte. Je suis vraiment très curieux d'expérimenter ça. Donc l'idée c'est que quand on va être en résidence chez vous, on va être vraiment en pleine recherche, on ne va pas encore très bien savoir ce qu'on va faire et comment et donc on a très envie de juste ouvrir  les portes de notre laboratoire de recherche aux gens qui sont là et les invités, à chercher avec nous, et donc il s'agit d'une performance visuelle où on va travailler avec des tissus et on va essayer de créer des sortes d’illusion d'optique pour créer plein de formes, à moitié abstraites, à moitié un peu absurdes ou surréalistes. Et c'est cette recherche-là qu'on aimerait bien ouvrir aux gens qui sont là. Et donc pour l'instant ça peut encore changer évidemment, mais je m'imagine quand même un truc un peu physique quoi. Où on va ensemble essayer des choses et puis voir ce qui est chouette et ce qui marche, ce qui ne marche pas et pourquoi ça ne marche pas. Et ainsi de suite.

5/ Comment cohabites-tu avec ta folie ?

J'essaie de la soigner un peu, je lui donne assez à manger, c'est très important. Et puis je fais en sorte qu'elle peut se reposer. J'essaie de l'entourer avec autant d'amour que possible. Et je la sors au moins 2 fois par jour pour qu'elle puisse user son énergie.

6/ Vers où regardes-tu ?

Plusieurs réponses sont possibles, 3 réponses différentes. La première, c'est j'essaie d'être dans le présent, c'est difficile parfois, mais c'est un bon truc à essayer je trouve d'être dans le présent. Ceci dit, 2e réponse, je regarde vers le passé. Je t'ai déjà parlé de la fin du 19e, début du 20e siècle. Je suis un peu fasciné par cette période, pas depuis très longtemps, mais depuis un moment quand même. Et notamment je pense que ça peut beaucoup nous raconter sur le présent de regarder le passé et je pense qu'il y a beaucoup de liens entre cette période et tout ce qu'on vit actuellement. Et, je regarde vers le futur, j'aime bien la science-fiction aussi. Encore une invention du 19e on pourrait dire et donc, j'aime beaucoup m'imaginer des autres façons d'être et des autres façons de vivre ensemble, et notamment dans ce projet, j’aimerais bien m'imaginer des autres normes que celle de nos jours. Et comment est-ce qu'on peut s'imaginer que la neurodiversité pourrait se développer dans un futur idéal par exemple.


Autoscopies
étape de création | jeudi 25 avril 2024 à 17h
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Session | 24 & 26 avril 2024 à 10h
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